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Sofiane Ouerimi, spécialiste des affaires bancaires, a livré une analyse approfondie concernant la hausse significative de l’argent liquide en circulation en Tunisie.
Lors de son passage sur les ondes d’une radio privée, il a indiqué que depuis 2019, la masse monétaire en circulation connaît une croissance annuelle stable de 9 à 10 %. Toutefois, l’atteinte du seuil des 23 milliards de dinars entre le 31 décembre 2024 et le 25 février 2025 représente un phénomène inédit, avec une tendance à la hausse qui pourrait perdurer, notamment lors des périodes festives et événementielles où l’usage de l’argent liquide augmente.
Ouerimi a attribué cette évolution, en partie, à la nouvelle législation sur les chèques, révélant que le nombre de chèques compensés quotidiennement était de l’ordre de 100 000 en 2024, mais est tombé à 19 000 le mardi précédent. Il a également noté qu’un nombre important de chèques, environ 1 400, ont été compensés via une nouvelle plateforme numérique. « Ce changement s’accompagne d’une augmentation notable de l’utilisation des « lettres de change », un moyen de paiement traditionnel dont l’usage a considérablement crû », a-t-il expliqué.
Les conséquences de cette tendance sont multiples et préoccupantes pour l’économie tunisienne. Selon Sofiane Ouerimi, l’un des effets les plus notables est la facilitation de l’évasion fiscale, rendue plus aisée par l’utilisation accrue de liquidités. Un autre problème majeur réside dans le financement des entreprises par le système bancaire : l’augmentation des liquidités hors du circuit bancaire empêche une conversion facile de cette épargne en crédits pour les entreprises, freinant ainsi leur croissance et leur développement.